Millésime 2014
Présentation du millésime
2014 ! Encore un millésime dont la climatologie nous aura fait découvrir de nouveaux extrêmes et quelques surprises, bonnes et mauvaises.
L’hiver 2013/2014 fut clément et très sec. Les journées très froides furent rares et car le thermomètre ne descendit vers les -5°C uniquement pendant une dizaine de jours et cela surtout en décembre 2013. Mars fut à nouveau le mois le plus sec de l’année avec une pluviométrie quasi nulle. Toutes ces conditions avaient donc favorisé un débourrement extrêmement précoce fin mars et une pousse rapide de la vigne au début du printemps. Par la suite, les températures furent très chaudes en juin et pour une partie de juillet. La floraison débuta les derniers jours de mai, très précocement et se termina rapidement autour du 10 juin pour l’ensemble du vignoble, suite à une période caniculaire la première semaine de juin. A ce moment nous étions heureux de constater une floraison rapide et homogène, malheureusement, les températures ayant atteints des pics à 37°C, il y eut des pertes suite à de la coulure provoquée par ces chaleurs extrêmes, phénomène rare en Alsace.
Juillet était un mois difficile. De fortes pluies, le double de la moyenne, associées à des températures souvent chaudes ont créées des conditions favorables au développement des maladies cryptogamiques, surtout le mildiou. Heureusement, notre équipement en chenillettes légères nous a permis de rentrer dans les parcelles et d’éviter des gros problèmes. Avec août, les températures devenaient plus clémentes et les pluies étaient normales. Septembre était un beau mois avec un bel ensoleillement et peu de pluies. Le millésime 2014 a su conserver son avance précoce de la floraison, mais le temps plus frais d’août aura su ralentir la maturation.
A partir de la fin août, un nouveau fléau s’est répandu dans le vignoble : la drosophile Suzukii ou moucheron asiatique. Reconnaissable par les yeux rouges de la femelle, ce moucheron peut percer les pellicules des baies de raisin grâce à son rostre, ce que son cousin européen ne peut faire. Ayant un mode de reproduction plus important (850 larves par femelle et 10 générations par an), ce moucheron s’est fortement développé en 2014, grâce à des conditions climatiques favorables. N’ayant probablement que des raisins à disposition pour pondre leurs larves, les attaques furent impressionnantes, aléatoire et nous n’avions aucun moyen de lutte à disposition. Les raisins rouges furent plus attaqués (Muscat Alsace rouge, Pinot-Noir, Pinot-Gris et Gewurztraminer) car il semblerait qu’en cicatrisant moins vite que les raisins blancs, les drosophiles pouvaient y pondre leurs larves plus facilement et contaminaient donc les baies en bactéries acétiques et levures. Par chance, le Riesling fut beaucoup plus épargné.
Le mois d’août plus frais explique aussi des niveaux d’acidité tout à fait surprenant dans la récolte 2014. On retrouve sur la plupart des cépages, des niveaux équivalents à 2013 ou 2010. Les vendanges sur le domaine avaient débuté le 10 septembre pour finir le 10 octobre, mais beaucoup de parcelles furent récoltées les deux dernières semaines de septembre. Avec l’évolution de la contamination en pourriture acide due aux drosophiles, il fallut beaucoup trier dans les parcelles atteintes. 2014 nous aura coûté le double en frais de vendange, pour ne récolter que 39.5hl/ha de moyenne (26.5hl/ha dans les GC et 42.5hl/ha en Alsace).
Les fermentations ont été très rapides pour tous les cépages à l’exception des Riesling. Ces derniers sont cependant plus actifs que dans les millésimes passés. Tous les vins ont de beaux équilibres acides et les maturités sont normales car il était impossible de chercher des raisins en sur-maturité. Il est aisé de prédire une très belle qualité de récolte pour des vins issus de Riesling et Pinot-Gris, très fidèles au terroir. Les Gewurztraminer auront plus un profil sec.