Millésime 2008

Grand Cru Sommeberg Domaine Zind Humbrecht

Présentation du millésime

L’an dernier, il m’était très difficile de comparer le millésime 2007 avec une année antérieure. En 2008 c’est chose facile car en fait 2008 et 2007 ont une grande similarité, si ce n’est le fait qu’à partir de la floraison tout est décalé 15 jours plus tard pour 2008.

Comme 2007 n’était pas une année stressante pour les vignes, nous savions déjà que 2008 devait débuter normalement sans vigueur excessive ou faiblesse qui aurait pu entraîner une sortie de raisin anormale. L’hiver était suffisamment froid pour permettre une bonne restructuration des sols et le débourrement mi-avril était donc considéré comme normal. La croissance fut régulière en mai et une climatologie favorable et chaude engageait une belle floraison qui débuta début juin dans les terroirs précoces (Brand et Herrenweg) où elle fut vite achevée. La seconde semaine de juin le temps devint plus froid et pluvieux et les terroirs tardifs (Rangen, Clos Windsbuhl et Gueberschwihr surtout) ont alors étalés la fin de floraison jusque vers le 20/25 juin. Seul le cépage Muscat Ottonel avait souffert de coulure importante, les autres cépages présentaient une récolte normale.

A partir de la fin de floraison, le temps fut chaud et sec jusqu’à fin juillet/début août où il y eut une période à nouveau pluvieuse et plus froide, créant quelques problèmes culturaux et craintes de maladies. La plupart des vignerons en bio-dynamie ont l’habitude de devoir intervenir rapidement dans leurs vignes avec des outils légers, surtout après des pluies. Les sols sont donc souvent préparés de sorte qu’ils peuvent supporter le passage de microtracteurs grâce à des enherbements naturels. Le tassement des sols peut être un grand souci, aussi le type d’engin utilisé sera préférentiellement léger et sur chenilles. Intervenir fréquemment après des pluies n’est donc pas un problème insurmontable.

Les vignes réagirent à la pluviométrie importante en accroissant leur vigueur et cela eut pour conséquence de retarder l’arrêt végétatif et d’étaler beaucoup plus la véraison. Le début des vendanges était alors encore difficile à prévoir mais il était certain qu’elles seraient étalées à cause des conditions de floraison et véraison. Des vignes vigoureuses en été sont plus sensibles au botrytis et surtout retardent la maturation phénolique des baies. A nouveau, le risque est une grande hétérogénéité de maturation entre raisins.

Plus que les millésimes précédents, nous avons pu constaté que l’important travail de gestion du palissage avec le non rognage (à l’exception de quelques jeunes vignes) permettait de mieux réguler la croissance de la vigne et évitait qu’elle ne reste en mode croissance trop longtemps. Plus l’arrêt de croissance est obtenu tôt (chute du bourgeon terminal), plus les maturités physiologiques sont précoces et homogènes. Le non rognage et donc une plus grande compétition entre les raisins et les parties vertes de la vigne en juillet provoque aussi une croissance plus faible des raisins qui restent plus petit et accentue les phénomènes de coulure (moins de baies par grappe). L’effet final est une réduction des rendements de l’ordre de 30%, mais un surcroît de travail dans le vignoble en juillet qui est conséquent, car il faut alors re-palisser manuellement plusieurs fois les vignes.

A partir de la fin août, le climat était redevenu sec. Septembre fut sec (à l’exception d’une grosse pluie le 13 septembre sans conséquence grave) et froid, parfois très froid. Octobre vit le retour à un superbe temps sec et chaud le jour, avec des nuits froides. Le retour à la pluie eut lieu à partir du 23 octobre, mais nous avions alors fini les vendanges.

Le temps frais de fin de saison est responsable de niveaux d’acidité importants dans les vins de 2008. La belle arrière saison avait aussi permis une bonne maturation technique (sucres) et physiologique (tannins). Les vendanges ont débuté le 23 septembre pour finir le 22 octobre.

Les sols légers et précoces comme le Herrenweg furent récoltés tôt car ils ont la capacité de mûrir les raisins plus vite mais aussi parce que la floraison fut achevée début juin. Le Rangen et le Clos Windsbuhl furent les deux derniers vignobles à être récoltés. Les Riesling ont été récolté avant le départ de la pourriture noble début octobre et seul le Brand (avec une SGN) était sensiblement botrytisé. Pinot Gris et Gewurztraminer ont généralement vu le développement de pourriture noble, mais des tries de raisins sains ont permis de bien séparer les deux styles de vin pour le Pinot Gris. Les Gewurztraminer étaient tous récoltés très riches avec pourriture noble. Il n’est donc pas surprenant de voir beaucoup de Sélections de Grains Nobles et peu de Vendanges Tardives.

Tous les vins de 2008 sont marques par une superbe acidité et des pH très bas qui rehaussent encore l’action de l’acidité. Une culture intelligente de la vigne aura permis l’obtention d’équilibres tartrique/malique corrects, ce qui est toujours le signe des grands vins. Les 2008 sont tous bâtis pour un vieillissement optimal et pour beaucoup d’entre eux, ont fermentés très longtemps.

Les rendements moyens sont de 44 hl/ha (48 hl/ha pour les AOC Alsace et 32hl/ha pour les Grands Crus) et comme les années précédentes, tous nos vignobles ont été cultivés en bio-dynamie.

2008 devrait produire des vins équilibrés et au potentiel de vieillissement exceptionnel.

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