Millésime 2003

Grand Cru Sommeberg Domaine Zind Humbrecht

Présentation du millésime

2003 était une année extrême, et en tout point de vue différente de 2002.

Les températures basses et les chutes de neige de janvier et début février ont contribué à créer des petites réserves en eau. Malheureusement, à partir de la mi-février, les températures ont augmenté régulièrement et les pluies étaient rares, voire inexistantes jusqu’à la fin des vendanges. Le débourrement était précoce, surtout pour le cépage gewurztraminer. Le gel du 11 avril (-4°C) causa beaucoup de pertes pour ce cépage dans les terroirs précoces tel que le Herrenweg de Turckheim. Dès cette période, nous avions pris conscience du fait que le manque d’eau allait devenir un élément crucial pour la vigne en 2003. La floraison se déroula entre la fin mai et début juin, en fonction de la précocité des terroirs. La véraison était aussi extraordinairement précoce autour du 20 juillet.

À ce moment, nous anticipions déjà des vendanges fin août. Le climat semi continental d’Alsace est caractérisé par des périodes de sécheresses fréquentes. Celles ci ont, par le passé, occasionné autant de problèmes que des pluies excessives. Entre mars et octobre, les quelques rares chutes d’eau se présentaient sous la forme d’orages de grêle, causant encore plus de dégâts. Les vignes ont ressenti ce manque d’eau dès le débourrement. Les températures élevées de juillet à septembre ont encore augmenté le phénomène de stress hydrique sur la vigne. D’autres millésimes par le passé (1994 par exemple) ont subit des stress plus importants, bien qu’ayant été plus humides. Lorsque le vigneron a su adapter des pratiques culturales appropriées (destruction des enherbements, sols aérés et non tassés, binages superficiels, présence de racines profondes suite aux pratiques des années précédentes (vieilles vignes…), la vigne a su résister correctement au manque d’eau en 2003. Deux phénomènes ont permis cela : les chutes hivernales de neige, et, le fait que la vigne ait pu ressentir le manque d’eau dès le débourrement, l’obligeant à pousser doucement avec une faible expression végétative et des petites grappes et baies de raisins. En fait, les températures caniculaires (au-dessus de 35°C) ont été responsables de plus de problèmes sur nos cépages aromatiques que le manque d’eau.

Les vendanges ont débuté très tôt en Alsace, ce qui était une réaction naturelle face aux faibles acidités et degrés alcooliques potentiels déjà élevés à la mi-août. Ceci était peut-être une erreur, car le processus de maturation était en fait ralenti par les chaleurs d’août et si beaucoup de raisins présentaient des maturités en sucre satisfaisantes, ils n’étaient pas encore physiologiquement mûrs. Il était donc possible de récolter les raisins jusqu’à la fin septembre, sans assister à une hausse importante des sucres, mais avec une meilleure expression aromatique et surtout des tannins plus mûrs. Les acidités étaient déjà très basses en août, et ne pouvaient plus baisser par la suite. Nous avons vendangé nos muscat le 6 septembre et le restant de nos vignobles entre le 15 et le 30 septembre 2003 dans un parfait état sanitaire et sous un temps exceptionnel. Aucun vin n’a été chaptalisé, ni acidifié avec quelque acide que ce soit. Le rendement moyen du Domaine est de 29 hl/ha. La fin des vendanges était exceptionnellement précoce.

La difficulté en 2003 consistait à trouver le juste équilibre entre une maturité physiologique suffisante tout en évitant une sur-maturité qui aurait favorisé l’obtention de vins trop moelleux. Le manque de pluie et les températures élevées ont favorisé le développement des levures sur les raisins et donc des fermentations rapides, évitant des sucres résiduels qui n’auraient pas été équilibrés par une acidité suffisante. La plupart des 2003 ont un niveau d’alcool acquis élevé, à l’exception des rieslings, et surtout contiennent beaucoup de tannins provenant de petites baies ayant des peaux épaisses. Ces tannins de qualité confèrent aux vins de 2003 une structure et une tenue potentielle dans le temps. Les grands terroirs expriment une complexité surprenante. 

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