Millésime 2007

Grand Cru Sommeberg Domaine Zind Humbrecht

Présentation du millésime

2007 est ma dix-huitième récolte, et je ne peux comparer ce millésime avec aucun des précédents. Il présente un profil climatique des plus intéressants, et a donné naissance à des vins de styles étonnants et variés.

Le débourrement fut extrêmement précoce, survenant dès la fin mars dans la plupart des terroirs. Mi-avril, les vignes étaient déjà bien vertes, nous faisant craindre le pire en cas de gelées. Avril et mai étaient très chauds et secs, provoquant une floraison très précoce, tout comme en 2003. La floraison fut rapide et homogène dans tous les terroirs, les grappes étaient régulières et de belle taille. En juin, juillet, et tout spécialement août, des périodes chaudes alternèrent avec des journées plus fraîches et plus humides. A la mi-juillet, la vendange était encore prévue pour la fin août, mais progressivement, avec le raisin mûrissant plus lentement dans des conditions plus fraîches, le début des vendanges fut repoussé à début septembre. L’humidité persistante et des précipitations importantes ont amené des conditions de travail difficiles tout au long de l’été. Il fallait savoir profiter de chaque période d’accalmie pour pouvoir traiter les vignes. Les préparations biodynamiques et les décoctions de plantes nous ont aidés à ne pas augmenter les doses et la fréquence des traitements. Bien évidemment, il y a eu un peu de mildiou sur les jeunes feuilles sur le haut du palissage, mais sans que cela puisse nuire à la qualité. Fin août, le temps était redevenu beaucoup plus sec et chaud, permettant aux raisins d’atteindre une bonne concentration tout en gardant une superbe acidité et un excellent état sanitaire.

La récolte sur le domaine a commencé très tôt, le 7 septembre, et le temps sec nous a permis d’étaler la vendange jusqu’à la mi-octobre et de profiter ainsi du potentiel de cet extraordinaire millésime. La pourriture noble a commencé à s’installer sur les raisins vers la fin septembre, particulièrement sur les cépages Pinot gris et Gewürztraminer. En 2007, les raisins ont disposé d’une très longue saison de maturation, sans aucun stress hydrique ou thermique pendant l’été, et bénéficié de journées fraîches et ensoleillées en septembre et octobre. Que rêver de mieux ? Les raisins sont restés sains, marqués par une superbe acidité, mûrissant lentement et développant des arômes complexes. 2007 est assurément un grand millésime.

Plus qu’en toute autre année, il a été important de s’adapter aux conditions climatiques particulières. Les vignobles ont été labourés tôt, pour éviter une compétition excessive avec l’herbe pendant les mois secs d’avril et mai, mais lorsque les pluies sont devenues de plus en plus importantes, nous avons laissé pousser l’herbe entre les rangs pour pouvoir accéder à la vigne quel que soit le temps. Les investissements réalisés les années précédentes (chenillards plus petits et plus légers, micro-tracteurs) se sont révélés très utiles en 2007. Ces engins ne causent pas de tassement, et permettent d’entrer dans les vignes même lorsque les sols sont très glissants et fragiles. Le contrôle des maladies (particulièrement le mildiou) a été crucial. Les moisissures se développent de nuit par une humidité de 100% et au-dessus d’un certain seuil de température. Ces conditions ont été rencontrées de manière presque permanente pendant l’été 2007. Des problèmes se sont produits lorsque la cadence des traitements ne pouvait être maintenue (parce que cela aurait impliqué de travailler le week-end, ou bien très tôt ou très tard dans la journée, ou que les engins lourds ne pouvaient entrer dans les vignes après de fortes pluies). En culture biologique et biodynamique, nous utilisons la bouillie bordelaise (sulfate de cuivre) fortement diluée. Comme nous voulons limiter les doses de cuivre, la bouillie est souvent mêlée à des décoctions de plantes ou des préparations pour rendre la vigne plus résistante et lui permettre de se défendre par elle-même. Cependant, ces faibles doses nous ont parfois obligés à répéter les traitements chaque semaine.

Le fait que les raisins soient restés sains, avec une très forte acidité, nous a permis de produire des vins très secs sur le cépage Riesling. Pratiquement tout ce qui a été vendangé vers la mi-septembre a fermenté complètement sec ou presque. Nous avons presque envisagé de donner un indice 0 à certains vins (l’échelle normale va de 1 à 5, 1 étant le plus sec). Les rendements ont été un peu plus élevés que d’habitude, mais au vu de la qualité exceptionnelle, nous ne nous en plaindrons pas. La moyenne a été de 47 hl/ha en AOC Alsace et 31 hl/ha en grand cru.

2007 est encore un autre de ces millésimes passionnants qui démontre tout le bien-fondé de la culture biodynamique.

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