Millésime 2021

Grand Cru Sommeberg Domaine Zind Humbrecht

Présentation du millésime 

2021 ! Quel millésime difficile en France, mais de superbe qualité et originalité !

En fin d’année 2020, les vignes et les sols étaient secs. Malgré une fin de récolte précoce, il a fallu attendre quelques pluies d'octobre et de novembre pour démarrer les labours d'hiver. Une récolte précoce signifie que les vignes restent vertes beaucoup plus longtemps avant les premières gelées (mi-novembre en 2020), leur permettant de constituer de meilleures réserves pour l'année suivante. C'est un principe important, surtout après un été chaud, qui permet à la plante de démarrer l’année suivante dans de meilleures conditions. Le début de l'hiver a été très humide, mais en janvier les températures ont nettement chuté pour remonter à nouveau en février. C'était inquiétant mais heureusement les températures ont encore chuté fin mars. Les derniers jours de mars sont très chauds (27°C relevés à Turckheim) et les vignes commencent à débourrer (Gewurztraminer notamment). Le 6 avril, nous observons des gelées de -2 à -3°C. Les dégâts de gel n'étaient pas vraiment évidents à voir à ce moment-là, sauf pour les Chardonnay, car nous n’étions qu’au stade pointe verte. Avril a été pluvieux et froid et de ce fait la croissance de la vigne a été très lente. Ce n'est que beaucoup plus tard dans l'année que l'on a pu constater que cette vague de froid avait probablement fait chuter la récolte de 20/30 % à certains endroits.

Le printemps a été très humide, la pluie et des températures basses représentaient le quotidien de tous les jours du mois de mai ! La croissance était en conséquence très hétérogène. Juin a été plus chaud mais avec toujours une pluviométrie importante, ce qui a rendu la tâche difficile à l'équipe du vignoble pour assurer le programme de traitement au rythme imposé par le climat. La plupart des produits bio sont uniquement de contact (non systémiques, ils ne pénètrent pas dans le système de sève), ils doivent donc être renouvelés après chaque pluie importante. Avec la chaleur et l'excès d'eau, la croissance de la vigne était rapide, tout comme le mildiou ! La floraison a commencé le 11 juin. Nous avons eu, heureusement, une semaine de temps sec avec des températures allant jusqu'à 35°C. La floraison fut donc fulgurante, effaçant les écarts du début de printemps dans le vignoble. Retour à un temps très pluvieux fin juin pour finalement constater une explosion du mildiou sur les feuilles le 28 juin et sur les grappes mi-juillet. Les pluies se sont poursuivies jusqu'à fin juillet mais avec moins d'intensité. Les vignes sont alors très vertes et luxuriantes, tout comme les sols qui étaient recouvert d’une végétation d’adventices, qui continuaient à pousser comme au printemps !

Dès le début du mois d'août, les pluies ont cessé et le temps est devenu chaud et très agréable. Les conditions climatiques étaient presque automnales début septembre et le vignoble était devenu vraiment magnifique. Le changement de couleur des raisins (véraison) a été plus tardif que d'habitude (début août pour les terroirs précoces comme le Clos Jebsal) mais plutôt vers la mi-août pour la plupart des autres terroirs en Alsace. La conséquence d'un tel climat (un record de 125 mm de pluie rien qu'en juin et seulement 10 jours par mois sans pluie entre avril et juillet !) a été une perte de récolte d'environ 50 % sur la plupart des vignobles, moitié due au gel, moitié due au mildiou. Finalement, les mois plus secs d'août/septembre ont desséché les raisins affectés par le mildiou, de sorte que les raisins restants étaient sains et beaux. Certaines régions ont failli souffrir de la sécheresse fin août ! Un comble !

Les vendanges ont commencé le 15 septembre et se sont terminées le 2 octobre sans stress et avec une équipe moins nombreuse que d'habitude (petite récolte !). Il était facile de cibler la bonne maturité car les raisins mûrissaient uniformément et pas trop vite. Les acidités sont élevées en 2021 mais les pH sont presque similaires à 2020. Nous nous sommes alors rendu compte que le printemps plus humide provoquait une énorme activité métabolique dans les sols avec pour conséquence une plus grande libération de minéraux et des niveaux d'azote très élevés dans les raisins. Cela explique pourquoi certains vins ont fermenté rapidement (tous les Pinot-Gris et Gewurztraminers) et sont devenus très secs. Absolument tous les vins de 2021 sont dans la catégorie sec (Indice 1) voire très sec avec une tension et une acidité mûre étonnantes. Les 2021 dégagent une certaine puissance avec moins d'alcool que d'habitude, phénomène classique pour des vins élaborés à très faible rendement. Nos rendements moyens sont pour l'Alsace AOC de 25hl/ha et seulement 19hl/ha sur les Grands Crus. Il est difficile de comparer 2021 avec les millésimes précédents, mais ce millésime pourrait être une combinaison de 2019, 2017 et 2010. Certainement un millésime de grande garde caractérisé par des vins secs, racé, élégants et tendus.

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