Millésime 2009

Grand Cru Sommeberg Domaine Zind Humbrecht

Présentation du millésime

L’hiver 2008/2009 était sec, pas vraiment froid, avec quelques journées printanières. Ce n’était donc pas une surprise de constater un débourrement relativement précoce début/mi avril. La pousse de la vigne était accélérée par un temps chaud et une pluviométrie un peu supérieure à la normale en mai. Fin mai donna l’occasion de battre le record de la plus chaude journée jamais enregistrée en mai en Alsace : 37.5°C. Les terroirs précoces étaient en pleine fleur autour du 26 mai. Une chute assez brutale des températures début juin (presque 20°C) a provoqué un ralentissement de la floraison dans les terroirs tardifs. Le Rangen de Thann et le Clos Windsbuhl furent les deux derniers terroirs encore en pleine fleur le 15 juin.

La crainte de coulure ou millerandage était justifiée dans les terroirs tardifs, mais il n’en fut rien, le volume de production fut assez homogène sur l’ensemble de nos parcelles. Fin juin était chaud, juillet normal avec une pluviométrie dans les normales. La nouaison se passa sans encombre et l’évolution des vignes laissait présager une récolte très précoce similaire à 2007. Début août, les sols possédaient une bonne réserve en eau, et, depuis la fin des labours en juin, la plupart des sols étaient redevenus verts. Chaleur et humidité ont créé une pression des maladies cryptogamiques (mildiou et oïdium en particulier), mais celles ci furent assez faciles à maîtriser grâce à des alternances de belles périodes.

Fin août, le temps était redevenu très chaud et sec. Les enherbements naturels avaient pris une couleur jaune sous l’effet du soleil et du manque d’eau. Les vignes ont alors fortement ralenti leur croissance et cela favorisa une véraison rapide et homogène, effaçant en grande partie les décalages observés lors de la floraison.
Depuis longtemps, nous avons arrêté les pratiques du rognage (taille en vert), à l’exception de certaines très jeunes vignes encore trop vigoureuses. Cela permet de conserver des branches qui ‘batifolent’ au dessus des vignes. Elles assurent une certaine ombre aux raisins et au sol, ce qui permet de minimiser les effets du soleil lorsqu’il est trop fort. Cette pratique permet aussi de garder un plan de palissage plus fin avec moins de gourmands et permet une chute naturelle des apex et donc un arrêt de croissance plus tôt, ce qui favorise donc une véraison précoce. Les labours sont arrêtés beaucoup plus tôt que dans le passé, car nous recherchons une pousse des plantes adventices en été. Celles-ci évitent au sol de trop se réchauffer. Si par contre elles deviennes trop concurrentielles, elles sont roulées au sol avec un nouvel outil appelé le rolofaca (les herbes sont pincées et sèchent, mais ont la faculté de repousser lorsqu’il pleut de nouveau). Les racines restent vivantes, ce qui permet aussi de lutter contre l’érosion en cas d’orages. Ces pratiques culturales étaient très utiles en 2009, car il était impossible d’anticiper le temps chaud et très sec de septembre/octobre 2009.

Les conséquences de l’absence d’eau entre mi août et fin octobre ont été désastreuses dans les terroirs filtrants mal cultivés. Comme toujours, il était primordial de pratiquer une viticulture favorisant la descente des racines, d’avoir des rendements modérés, un feuillage réactif et des sols aérés, non compactés pour éviter les conséquences d’une sècheresse. Les fortes températures ont quand même influencé l’acidité, souvent un peu plus faible mais avec une prépondérance d’acide tartrique. Les maturités en sucres étaient élevées, sauf bien sûr dans les vignes ayant souffert de blocage lié au stress hydrique. 2009 possède des niveaux de maturité comparables aux grands millésimes des dernières années, avec un niveau d’acidité similaire à 2005/2004/2006 ou 2000 en fonction des cépages. Les rieslings, bien qu’inférieur à 2008 qui possède de très fortes acidités, s’en sortent avec des équilibres très intéressants.

Il était aussi crucial de pouvoir récolter assez tôt afin d’éviter une chute des acidités. De bonnes pratiques viticoles ont permis d’obtenir des maturités physiologiques précoces. Les vendanges ont débuté doucement le 9 septembre pour finir le 16 octobre, de façon assez similaire à 2007.

Les raisins étaient dans un excellent état sanitaire et 2009 devrait aussi produire de très beaux vins secs. Le botrytis avait du mal à se développer et il fallu attendre début octobre pour voir de la pourriture noble, principalement sur le pinot gris. Il était alors possible de produire des VT ou SGN, mais cela n’était pas un objectif essentiel car seuls quelques grands terroirs pouvaient tirer parti de la climatologie très chaude de 2009 et conserver des acidités correctes. C’est pour cette raison que nous n’avons produit qu’une seule VT dans le Clos Jebsal et 3 SGN dans le Rangen, Clos Windsbuhl et Clos Jebsal en pinot gris.

Les fermentations étaient dans l’ensemble assez rapides, à l’exception des vignes tardives récoltées en octobre. Il aura fallu un certain temps pour cerner le caractère du millésime. Il semblerait que le millésime 2009 possède une fausse facilité, grâce à une belle richesse et une puissance aromatique. Après un long élevage, beaucoup de vins ont pu gagner en race et personnalité et certains vins sont vraiment devenus surprenants. Au départ, le gewurztraminer, avec des acidités plus faibles, semblait moins favorisé, mais grâce à une très belle maturité phénolique, les vins sont devenus très gourmands. Il faut aussi citer la grande réussite des pinots noirs.

2009 est aussi un millésime de plus grande récolte, surtout au niveau des vins de cépage ou village. La moyenne du domaine est de 52 hl/ha avec les grands crus à 34hl/ha. Aucune chaptalisation ni acidification (tolérée en 2009) n’a été pratiquée au domaine et bien sûr nous continuons une pratique sans concession de la bio-dynamie sur l’ensemble de notre domaine.

2009 devrait produire des vins expressifs, avec une belle minéralité au plus haut niveau et un bon potentiel de vieillissement.

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