Millésime 2006
Présentation du millésime
Un autre millésime, et à nouveau une année sans comparaison possible avec le passé ! 2006 se distingue par des conditions climatiques extrêmes, ayant façonné des vins au caractère affirmé et de styles variés, reflétant les caractéristiques spécifiques de chaque terroir.
Fin septembre 2006, les raisins possédaient une avance de maturité importante sur le millésime 2005 tout en ayant des acidités encore supérieures. Tout annonçait un très grand millésime, mais les pluies importantes de fin septembre ont contrarié nos nombreuses ambitions. Seule une viticulture soignée et attentionnée, détachant le plant de vigne des contraintes climatiques du moment, a donné la possibilité au vigneron d’attendre le retour du beau temps en octobre et de récolter des raisins de grande qualité.
Avril et Mai étaient des mois humides et froids, alors que Juin et Juillet ont battu des records de chaleur et étaient très secs. Cela a provoqué un développement précoce et rapide de la vigne. Fin Juillet, les vendanges étaient prévues aussi tôt qu’en 2003 ! Grâce aux pluies importantes de printemps, les vignes n’avaient pas souffert de sècheresse et août fut à nouveau très humide et frais, garantissant des acidités élevées et une absence de stress hydrique.
Début septembre, les raisins étaient en avance de maturité sur 2005 et cette avance se conserva jusqu’à fin septembre, surtout pour le cépage riesling, principalement à cause de chaleurs régulières tout le long du mois (septembre 2006 est le 2ème plus chaud des dix dernières années). Un petit passage pluvieux le 17/18 septembre, anodin pour beaucoup, provoqua en fait des éclatements de baies importants sur le vignoble Alsacien. Ces fissures, visibles à l’œil nu, permirent par la suite au botrytis de pénétrer les baies de raisin. Ce phénomène, incroyable de rapidité, fut accentué par le fait que fin septembre fut chaud et humide, avec des passages pluvieux quelquefois importants (24/25 septembre : 25mm et 1er-3 octobre : jusqu’à 70mm). A partir du 4 octobre, le temps était magnifique avec ciel bleu et nuits froides. Un temps idéal pour les vendanges.
Tous les cépages ont une acidité élevée et des pH relativement bas, même pour les gewürztraminers. La maturité est bonne, voire très élevée, pour tous les cépages et terroirs, grâce à une floraison homogène, rapide et précoce. Le botrytis se développa rapidement fin septembre et colonisa les baies de raisins, provoquant de graves problèmes de pourriture grise mais à aussi permis la production de VT et SGN extraordinaires. La pourriture grise est évitée lorsque le terroir possède une bonne capacité de drainage (pente, nature du sol), quand les racines ne sont pas superficielles (grâce aux labours, enherbements et fortes densités de plantation) et que le sol est couvert de végétaux pour absorber l’eau avant la vendange. Au niveau de la vigne elle-même, une faible vigueur et une bonne aération du plan de palissage permettent aussi d’éviter les moisissures. Il ne fait aucun doute que les pluies intenses du 3 et 4 octobre ont créé une pression élevée de la maladie qui a précipité les vignerons à récolter précocement.
Il est probable que les pluies tardives du mois d’août ont provoqué une libération d’azote tardive en septembre, qui a, à son tour, provoqué un surcroît de vigueur de la vigne et une évolution vers la pourriture grise. Le choix du type de fertilisation fut crucial en 2006. Les apports de compost de qualité en petite quantité étaient à privilégier sur l’azote chimique, ce dernier se libérant trop facilement avec les pluies. A partir du 4 octobre, l’installation d’un climat plus frais et sec a permis une évolution vers la pourriture noble dans les grands terroirs. Les terroirs précoces comme le Herrenweg ont été récoltés très rapidement fin septembre, les crus et surtout les meilleurs terroirs, étaient récoltés entre le 8 et le 12 octobre. L’attente s’avéra bénéfique.
Le rendement moyen du domaine est de 38.5hl/ha (41hl/ha pour les AOC Alsace et 24hl/ha pour les Grands Crus). 2006 est pour nous un millésime passionnant, prouvant une fois de plus le bien-fondé de l’agriculture biodynamique.